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Par Michaël Fortin

La critique des médias est un thème récurrent dans le cinéma engagé. Manipulation, fausseté, domination, les médias sont souvent décriés comme des complices d’un système de domination et qui contribueraient à le renforcer. Cette critique n’est pas nouvelle, elle apparaît, nous rappelle le chercheur Stéphane Arpin, dans la deuxième moitié du XIXème siècle:

«[…] lorsque le mouvement ouvrier accuse les journalistes de dépolitiser le débat public et de se soumettre aux puissances d’argent du capitalisme. Selon une conception marxiste de distorsion-dissimulation de l’idéologie, elle va traquer la fabrication de fausses consciences individuelles et collectives conformément aux intérêts des classes dominantes ».

Manipulation, donc, mais qui peut être déjouée, détournée. Les recherches en sciences des communications ont largement démontré qu’une conception déterminisme n’arrive pas à bout de saisir la complexité d’une relation médiatique unilatérale entre «dominants» et «dominés». Dans «Pour une contribution à la critique des médias de masse», le réalisateur Alexandre Gingras donne la parole au sociologue Alain Deneault. Prenant la forme d’un remix, le film cherche «à déconstruire les structures de pouvoir et à défier l’idéologie dominante des médias de masse qui fabrique le réel». Le discours est renversé, et l’emprise voulue s’éteint d’elle-même.

Un réel dans lequel le pouvoir en place a tout le loisir d’exercer une domination, si l’on se fit aux paroles de La rabia del pueblo, un vidéoclip réalisé par Eric Robertson, une charge contre les injustices sociales et un pouvoir corrompu qui ne répond plus aux attentes des citoyens.

C’est curieux que des amis de l’État détiennent les médias
L’ignorance de la masse me lève le cœur, m’écœurent
Les médias menteurs, manipulateurs sans cœur
La rancœur me sourit, fière, prise en souricière

Le rapport entre cinéma et médias est interpellé d’une autre façon quand ce premier cherche à rétablir les faits face aux dérives des seconds, afin, justement, de s’attaquer à cette «fabrique du réel». La subjectivité du documentaire prend alors le pas sur la prétendue objectivité médiatique en questionnant la construction de  la nouvelle et de l’information. Il s’agit alors d’une subjectivité au service de la compréhension du réel. Elle s’attaque au langage journalistique, qui transforme, par exemple, une action politique en événement violent par l’usage de termes connotés pour la décrire –  «intimidation», «climat de peur», «violence» . Le film Cappucino de G.A.P.P.A s’inscrit dans cette tradition en démontrant comment les faits sont autres que ceux supposés dans le récit journalistique traditionnel animé par une volonté également de «documenter» de façon la plus juste possible les mouvements sociaux à partir de l’intérieur.

Mais la vidéo et le cinéma engagé ne cherchent pas qu’à dénoncer. Ils cherchent à dire, à créer de nouvelles formes légitimes d’expression et de lecture du monde. Dans Le 6e pouvoir, les auteurs avancent la thèse qu’un sixième pouvoir se réapproprie, «autant dans ses méthodes que dans l’esprit, la tradition journalistique et ses valeurs». Pour le moment ces façons de faire implique des risques. Ces médias sont souvent la cible de répression. L’extrait CUTV illegally prevented from filming témoigne de ce genre de dérives.

 

Critique des médias et courts métrages

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